Auteur : Daria Marx

Nous n’irons pas a New York. Nous n’irons pas aux Maldives. Nous ne mangerons plus de sushis. Nous ne nous appellerons plus. Je ne porterai pas ton enfant. Je ne t’attendrai plus au pied de mon immeuble. Nous ne nous aimerons plus. Tu pars, je reste. Peut être le contraire. Je perds le sens du…

La mer, amas cellulite vague dune sable, le sel, serviette élimée crême périmée cendrier canette, un rocher, les autres, leur odeur, l’impossibilité de fuir les corps, si présents dans l’espace, si couverts d’habitude, si dénudés à présent. De la rue au sable, quelques mètres, no man’s land, mélange de ceux qui enlèvent leurs chaussures et…

J’ai toujours aimé compter mes pas. Avant les recommandations de l’OMS, avant l’appli Santé, j’aime compter quand je marche, les pas et les creux, les lignes et les traits. Les chiffres prennent des couleurs, des notes, j’aime mieux les multiples de trois qui donnent pairs que les multiples de deux trop évidents, il y a…

Ma chérie, aujourd’hui je te serre dans mes bras, il y a quelques jours encore, je te croyais partie, vers le grand voyage des gentils qui partent trop tôt, de celui dont on ne revient pas. Alors tu pouvais dire ce que tu voulais, que tu regarderais toujours derrière mon épaule pour me surveiller, même de…

Mon ventre mou, distendu, le tien, courbe inversée, dur, poilu, volontaire, ma chair s’étale sur la tienne comme pour te recouvrir en entier. Ne joue pas, je gagne, c’est la marée noire le long de tes côtes, mon gras s’immisce dans tes creux, j’emplis tes pores de moi, je te gangrène, je te colonise, abandonne,…

Donne moi toutes tes danses. N’en réserve plus pour d’autres qui viendraient. Donne les moi toutes, les valses anciennes, les langoureuses, celles que tu ne sais pas danser, tes pas chaloupés sur le parquet, tes pieds qui frappent la mesure dans le vide, tes ongles sur le guichet. Donne moi ta musique, donne moi ta…

Ca va pas bien tu vois j’ai des milliers de petites aiguilles dans le cerveau qui me piquent et se tordent dans la chair, j’ai beau tirer dessus elles ne ressortent jamais, elles me brûlent et elles s’agitent quand je marche, salopes d’aiguilles tordues, je ne me sens plus marcher, je ne me sens plus…

Je fais des rêves de boyaux et de poumons, d’éventrations et de chairs disloquées. Je vois mon corps inerte, défoncé, troué, tuyauté. Je fais des rêves de gras, de cette masse immonde et dure qui remonte vers ma gorge pour m’étouffer. Je vois mon ventre se soulever comme habité par le malin, m’envelopper, me serrer.…

Il a dit, on rentre à la maison. Et moi je ne savais pas. Et je ne comprenais pas. Il a dit, on rentre, c’est fini, c’est bon, tout ca ne sert à rien, partons maintenant, viens avec moi, prends ma main, ne la lâche pas. Et moi je restais sur mes pieds, aussi droite…

Et le silence. Quand tu te rhabilles. Quand tu cherches autour du lit tes chaussettes et ta ceinture. Tu n’es pas le seul à te taire. Je n’ai rien d’autre à dire. Et le poids de ton corps marqué dans le matelas trop mince. Et ce creux à l’intérieur de moi qui ne se comble…